Le deuil numérique

Le deuil numérique
Photo by William Iven on Unsplash

Nous sommes nombreux à nous poser la question : Qu’y a-t-il après la mort ?  Cette interrogation semble se renforcer avec l’arrivée du numérique, notamment des réseaux sociaux dans notre vie.  Qu’arrive-t-il aux comptes des personnes décédées ? Car s’il y a bien un lieu où l’immortalité semble possible, c’est bien sur les réseaux.

Notre “moi numérique”, mène une vie bien remplie, publications, contacts, messages et bien sûr, nos profils personnels sont tous les éléments constituant notre identité sur “la toile”. Cette nouvelle part de nous,  possède quelques particularités car si la mort semble être une fin en soit, elle ne met pas un terme à notre identité numérique. Après un décès, des comptes subsistent sans que les proches ne soient au courant des démarches à suivre pour se les réapproprier ou les faire fermer. Ces nouvelles questions, bien que lugubres, sont plus que jamais au cœur notre actualité, avec selon une étude de l’entreprise AdVitam un utilisateur Facebook qui meurt toutes les quatre minutes. Des chiffres qui poussent à interroger notre manière d’envisager notre mort virtuelle. Il est dans l’habitude des vivants, de laisser un testament avec des instructions précises, reprenant les dernières volontés du défunt. Une coutume très peu appliquée pour nos données alors qu’il est possible d’établir, depuis 2016 avec la loi “Pour une République numérique” un testament numérique. Même si la loi n’est toujours pas en vigueur, elle prévoit la possibilité pour les héritiers  d’« accéder aux traitements de données à caractère personnel qui le concernent afin d’identifier et d’obtenir communication des informations utiles à la liquidation et au partage de la succession. Ils peuvent aussi recevoir communication des biens numériques ou des données s’apparentant à des souvenirs de famille, transmissibles aux héritiers ». Indéniablement, à l’image du patrimoine ou des biens, les données semblent être les nouveaux éléments à léguer.

Et le rôle des réseaux sociaux ?

Ces nouveaux enjeux résident de nos activités sur les réseaux sociaux. Dans ce cas, quelles sont les mesures prises par Twitter, Facebook ou LinkedIn ? Concernant ces trois plateformes, il est parfaitement possible pour un proche de demander la suppression d’un compte, à condition de fournir un certificat de décès. Instagram propose de nommer une personne chargée de clôturer notre compte ou de le passer en mode “commémoration” (fonction permettant de visualiser les photos mais empêchant les interactions).

Facebook va encore plus loin avec la possibilité de choisir un légataire dans les options de son profil. Cette personne est chargée “de gérer votre page commémorative pour permettre à vos proches de continuer à laisser des messages sur celle-ci. » Il est primordial, pour les plateformes de fournir un moyen de faire cesser les activités du défunt qui, d’une certaine manière, continue de vivre sur les réseaux. 

Une nouvelle forme de deuil ?

Le sujet de cet article apparait bien morne, pourtant, en vue de notre présence massive sur les réseaux sociaux, nous sommes tous susceptibles d’être confronté à cette “mort numérique”. Une confrontation qui se fait surtout du côté des vivants qui peuvent se retrouver face à des publications “souvenirs” de Facebook ou un audio distribué sur WhatsApp. Autant de traces que de souvenir de la perte d’un proche qui peuvent aggraver (ou aider à surmonter) le choc émotionnel. Selon le programme de recherche ANR-ENEID Eternités numériques qui centre ses recherches sur “les identités numériques post mortem et les usages mémoriaux innovants du Web à partir des pratiques des proches des défunts”, un quart des pages Facebook sont modifié après la mort des défunts, parfois pour annoncer la date des funérailles, changer une photo ou même supprimer un post.  Des pratiques nouvelles qui viennent s’ajouter au processus de deuil et à notre rapport avec les défunts.

Célina Slim

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