Partons à la découverte, le temps d’un article sur ce qui se trame chez nos chers compatriotes américains. Il y a quelques jours Twitter et Facebook se sont positionnés sur la place des publicités politiques sur leur plateforme. Si Twitter a annoncé clairement qu’il n’accepterait plus aucune publicité politique, Facebook a choisis une position plus ambigüe. En effet, le PDG et fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a affirmé lors d’un discours, que sa compagnie n’effectuera aucune modération afin de vérifier la véracité des messages des publicités politiques diffusées sur sa régie durant les élections.

L’éthique délaissée au profit de l’influence et de l’argent
Un sujet important qui pose de nombreuses questions sur la liberté d’expression, mais également sur les frontières de plus en plus poreuses sur les réseaux entre une publicité qui met en avant un message politique ou une « simple information citoyenne ». Indéniablement, les réseaux sociaux jouent un rôle important dans les batailles politiques durant les élections. Nouveaux terrains favoris des partisans et opposants pour diffuser des messages mettant en avant les candidats, il est difficile de minimiser le rôle des réseaux sociaux en période électorale, c’est pourquoi la position de Facebook est déterminante sur l’échiquier des batailles politiques. En offrant, la possibilité d’utiliser ses outils de ciblage à des fins politiques nous pouvons nous poser la question de la déontologie de telle pratique et surtout de leur influence sur le vote électoral.
Toutefois, nous ne pouvons nier que cette décision d’accepter les publicités politique est avant tout financière, selon Yaël Eisenstat ancien membre de l’équipe chargée de l’intégrité et de la sécurité des élections chez Facebook « Facebook gagne de l’argent en partie en amplifiant les mensonges et en commercialisant des outils de ciblage dangereux, qui permettent à des groupes politiques de se lancer dans une guerre informationnelle d’un niveau encore inconnu ». La majorité des revenus des réseaux sociaux proviennent de la publicité, Mark Zuckerberg a donc fait un choix financier en acceptant la présence des publicités politique, laissant de côté une fois de plus, le rôle politique et démocratique que possède sa plateforme.
Focus sur le cas de la France
La France est plus protectrice dans sa législation concernant les publicités politiques. Elle interdit « tout procéder de publicité commerciale par la voie de la presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle (y compris les réseaux sociaux, NDLR) » pendant les périodes électorales.
Néanmoins, il existe « des failles » à cette interdiction car il est possible de publier des « publicités sociales » (catégorie dans la régie publicitaire de Facebook) pendant et durant les campagnes. C’est ainsi, qu’en France nous avons pu voir sur Twitter une publicité du groupe d’extrême droite Génération identitaire afin de manifester « Contre L’islamisme »
Loin d’être une simple question déontologique, nous remarquons que les réseaux sociaux sont de plus en plus liés à la politique. En dépit de la position tenace des réseaux sociaux à rappeler qu’ils ne sont que des entreprises privées, leur place est beaucoup trop importante dans le débat public pour qu’ils ne répondent pas à une certaine responsabilité face à l’utilisation de leurs outils de ciblage publicitaire lorsque la politique et la démocratie sont en jeu.
Célina Slim