L’intelligence artificielle et la conscience de soi

L’intelligence artificielle et la conscience de soi
© Studio Waltz Binaire

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Les enjeux de l’intelligence artificielle et ses limites ont fini par devenir un marronnier de l’actualité tech. Le studio Waltz Binaire est allé plus loin en créant Narciss, l’intelligence artificielle qui n’interagit qu’avec elle-même et reflète sa propre existence. À la fois expérience de recherche et performance en direct, le projet Narciss apparait comme une mise en scène d’une « conscience numérique ».

Des machines de plus en plus capables de simuler les effets de la cognition humaine

Avant de parler de Narciss, prenons le cas du célèbre robot sexuel Harmony, créé par la société américaine Abyss Creations. Harmony, d’un réalisme troublant, est capable de discuter avec son utilisateur et d’adapter son comportement à ses réponses. Son créateur la qualifie non pas d’objet sexuel mais de « partenaire idéal ». Soit. C’est là qu’intervient la question de la conscience des robots. Harmony a-t-elle conscience d’elle-même et d’avoir été uniquement créée pour satisfaire les désirs des hommes ? On espère pour elle et son estime que non.

Les premiers algorithmes de la conscience artificielle

Selmer Bringsjord, chercheur à l’institut polytechnique de New-York a réalisé une expérience intéressante sur le sujet. Commençant par définir la conscience comme la capacité d’un organisme à s’observer fonctionner comme une entité distincte des autres, il programme un robot en lui disant qu’il lui a donné une pilule avec deux effets possibles. Soit la pilule lui coupera la parole, soit ne fera rien du tout (placebo). Le chercheur demande au robot quelle pilule il a reçu, ce à quoi le robot répond « je ne sais pas ». Le robot réalise qu’il a répondu, s’excuse et finit par répondre qu’il s’agit du placébo. On est certes bien loin de la conscience humaine, mais l’expérience montre qu’à partir de deux algorithmes (un pour comprendre son environnement, un autre pour s’observer et s’ajuster) nous avons les prémisses d’une conscience artificielle.

Revenons-en à Narciss

S’il existe un début de « conscience artificielle », qu’en est-il de la réflexivité des machines, c’est-à-dire la capacité de se représenter soi-même ? Prenons le cas de Narciss. Ses créateurs ont pris le parti qu’elle n’ait aucun contact avec l’humain, qui n’est que juge et spectateur de l’expérience. Narciss est composé d’un ordinateur (entrée) et d’un miroir circulaire (sortie) rattachés l’un à l’autre, aucune entité extérieure n’est autorisée à influencer les entrées et les sorties. Sur un écran rattaché à l’arrière de son corps, Narciss décrit des interprétations sans fins d’elle-même. Les résultats sont pour le moins surprenant. Elle se représente tour à tour comme : une photo en noir et blanc d’une photo en noir et blanc, un grille-pain, une manette de jeu vidéo, un arbre dans un parc, une étagère remplie de livres et une horloge…

Ce que nous montre l’expérience de recherche développé par le studio Waltz Binaire, c’est que les êtres humains ne sont finalement pas si différents de Narciss… leurs interrogations sur leur image, leur identité, les représentations qu’ils se font d’eux-mêmes varient avec le temps et ne trouvent pas forcément de réponse finale. L’intelligence artificielle Narciss, tout comme le mythe du même nom, filent la métaphore de la quête du Moi qu’on essaie de trouver et d’expliquer.

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