La numérisation des archives de l’INA : un voyage dans le temps

La numérisation des archives de l’INA : un voyage dans le temps
Simone Veil présente son projet de loi pour l'avortement - Archives INA

Il y a plus de 16 ans, l’INA a ouvert au grand public l’accès à plus de 100 000 émissions de radio et de télévision. L’Institut national de l’audiovisuel, crée en 1974, archive, produit et édite les productions et contenus audiovisuels. En numérisant en 2006 l’ensemble de ses archives, l’INA participe à une véritable révolution dans la transmission des savoirs entre les générations. 80% de ces archives sont consultables gratuitement. 

Cette mise en ligne des documents d’archives a nécessité plus de cinq années de travail de numérisation et un budget de 180 millions d’euros. Aujourd’hui, la chaîne Youtube de l’INA réunit plus de 180 000 abonnés et de nombreuses vidéos publiées sur la plateforme comptabilisent plus d’un million de vues. A travers plus de 100 000 enregistrements d’émissions de télé et de radio issues des trente dernières années, désormais à la portée d’un clic, l’Institut tend, non seulement, à moderniser un accès à la culture, mais également, à démocratiser celui de l’histoire française. 

Pourtant aujourd’hui le numérique est trop souvent retenu comme le principal responsable de l’appauvrissement culturel : il menacerait ainsi la transmission de notre patrimoine et aboutirait à une standardisation de la culture notamment au sein des jeunes générations. A l’origine de cette accusation se trouve un constat simple : les jeunes se détournent massivement des livres, ces encombrants grimoires, et plongent aveuglément dans l’immatérialité des nouvelles technologies. Le numérique ne semblerait, ainsi, n’avoir aucun autre horizon possible que celui d’un appauvrissement culturel généralisé. 

Le nouveau paradigme né du numérique ferme-t-il la porte à la transmission du savoir et de la culture ? Quelle place le numérique laisse-t-il à la valorisation de notre patrimoine culturel ? 

A ces allergiques du numérique, à ceux attachés à des discours conservateurs, partisans du « c’était mieux avant », je leur répondrais que non, le numérique ne s’oppose pas nécessairement à la culture et peut même aller dans le sens d’une réconciliation entre héritage culturel et jeunesse. 

La numérisation des archives de l’INA en est la preuve. Avant 2006, les fonds de l’INA étaient déjà accessibles aux étudiants et universitaires par le dépôt légal mais grâce à la numérisation de sa collection d’archives, l’INA franchit un grand pas : celle de l’accès par le grand public au patrimoine audiovisuel national. L’Institut, par cette action, s’inscrit dans une mission de service public et de démocratisation d’accès à la culture. 

Mai 68 expliqué à l’Ecole est, certes, intéressant, pouvoir le revivre est encore mieux. En effet, si le livre papier déploie un temps où il est interdit au présent de pénétrer ; la vidéo permet, quant à elle, de le revivre. A travers de courtes vidéos, en ligne sur Youtube, nous pouvons désormais nous immerger ou nous imprégner de l’ambiance d’une époque, dans l’atmosphère d’un épisode historique. 

La vidéo nous place dans la réalité singulière d’une époque, d’un instant de l’histoire ; elle nous livre ses sons, son langage, ses prises de position et nous fait apprécier nos avancées, mesurer ce que nous entendons derrière le « progrès ». La numérisation des productions audiovisuelles de l’INA permet alors de revivre le discours de Simone Veil sur l’avortement à l’Assemblée Nationale, d’être présent au moment de la chute du mur de Berlin ou d’écouter la voix de Coluche se présentant à la présidentielle de 1980. 

Autant de moments historiques qui ont participé à la construction d’un passé commun, ciment d’une identité commune, et à la constitution d’un patrimoine culturel français. Les archives de l’INA sont les greniers de notre mémoire collective et  sa numérisation nous rapproche, de façon indéniable, de cet héritage culturel. 

Si le numérique est accusé d’entretenir une culture de l’instantanéité, les archives de l’INA nous montre qu’il peut ré-enchanter la culture et saura finalement séduire ses détracteurs par le caractère nostalgique de ses enregistrements.

Lisa Le Scornet

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