La promotion des CTN 2019-2020 a été l’occasion de quelques changements : nouvelle identité visuelle, nouveau site, nouveau style… mais aussi nouvelle co-responsable de formation. Nous avons donc voulu mieux connaître Virginie Julliard, récente recrue du CELSA, en l’interrogeant sur son parcours mais aussi ses pratiques numériques. Découvrez le portrait de cette chercheuse dont les sujets de prédilection sont les représentations de genre dans les médias, particulièrement sur Twitter, un espace privilégié pour ses travaux.
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir enseignante-chercheuse dans le domaine de l’info com ?
Au départ, c’est plutôt la recherche, et la déconstruction des représentations liées au genre, dans le cadre de la production médiatique du genre.
Dans un deuxième temps, ce qui m’a intéressée dans l’enseignement, c’était d’éprouver les résultats de mes recherches dans l’interaction avec mes étudiants et étudiantes. Ça oblige à communiquer différemment sur son travail de recherche, et à se mettre dans une position pour le faire parler pédagogiquement, socialement et politiquement.
Ensuite, ce que j’aime beaucoup dans l’interaction avec les étudiants et étudiantes, c’est que les retours sont complètement étonnants pour moi. Ce ne sont pas des retours de collègues chercheurs mais ceux de chercheurs en devenir ou de futurs professionnels de la communication, qui connaissent bien le secteur dans lequel j’étudie ces représentations et ces pratiques.
Vos travaux de recherche sont en partie centrés sur Twitter, qu’est-ce qui vous passionne le plus sur ce réseau social ? Quelles sont vos pratiques de ce réseau ?
La manière dont je vous Twitter c’est plutôt un réseau professionnel sur lequel je vais communiquer des informations, soit sur des sujets peut-être parfois un peu militants sur ma conception de la recherche, des études de genre, etc. Pour moi, ça reste toujours semi-professionnel. Je ne l’utilise pas du tout à fins privées, mais pour partager sur des conférences, des colloques, des séminaires ou relayer des publications de collègues.
Précisément, c’est là que je vois que c’est un nouveau média de mise en visibilité et de constitution de communautés. C’est là que se fait le lien avec ma recherche d’ailleurs. C’est vrai de mon point de vue : je m’en sers plutôt professionnellement ou semi-professionnellement pour mettre en visibilité certaines choses mais aussi comme un espace de reconnaissance avec des personnes proches de mon travail notamment. C’est en ça que je retrouve le lien entre mes pratiques et mes recherches.

Après ce qui me fascine peut être sur Twitter, c’est la créativité. Je parle plutôt des « vieux » réseaux sociaux, je connais moins Snapchat ou Instagram. Contrairement à Facebook, qui se place sur un plan plus privé , ce que je trouve passionnant avec Twitter c’est qu’on est presque face à une forme de journalisme. C’est à la fois un espace de communication professionnelle, politique, médiatique voire journalistique. Twitter a un aspect très ouvert et public. Et aussi par rapport à YouTube, la créativité est interne au contenu vidéo, mais les formats sémiotiques sont beaucoup moins créatifs. Ça se voit dans les commentaires, l’utilisation de mêmes, la place donnée aux images, les détournements qui sont propres à Twitter. Et je trouve ça passionnant.
Quel sont les applications mobiles que vous utilisez le plus ?
Les applications de mails, d’appels, de discussion : Whatsapp, SMS, téléphone, et mes mails surtout. En fait j’utilise les fonctionnalités les plus classiques.
Quel est le dernier film ou la dernière série que vous avez regardé ?
J’ai un peu de mal à m’en souvenir parce que j’ai assez peu le temps d’en regarder, surtout pour les séries (rires). Mais je crois que la dernière chose que j’ai regardé, c’est un documentaire sur Divine, une drag queen célèbre pour avoir tourné des films, un personnage très drôle. Pour les fictions, je crois que la dernière série que j’ai regardé c’est Stranger Things, la dernière saison. Alors sinon, je suis un mémoire sur l’émission Quatre mariage pour une lune de miel. Et je me suis replongée dans les travaux de collègues sur Belle toute nue ou Nouveau look pour une nouvelle vie. Ce n’est pas vraiment le genre de programme que je regarderais mais ça m’a amusé d’aller en voir des extraits.
Pour écouter de la musique, vous êtes plutôt CD à l’ancienne, YouTube malgré les pubs ou abonnée à un service de streaming ?
J’écoute beaucoup de la musique en streaming. En revanche, comme j’ai des enfants en bas âge, je ne veux pas qu’ils associent la musique à un ordinateur ou un téléphone. Donc j’ai ressorti de la cave tous mes CDs et j’ai racheté un lecteur pour qu’elle puisse la manipuler. Mais en ce qui me concerne, j’écoute quasiment exclusivement de la musique en streaming.
A quoi ressembleront les technologies de communication en 2050 selon vous ?
Alors, on pourrait imaginer un futur orienté vers les biotechnologies. En fait, je pense aux travaux d’une philosophe des techniques et des technologies, Lucie Dalibert. Elle a produit une réflexion vraiment passionnante sur les somatechnologies. Elle montre que ce qui compte ce n’est pas tant l’appropriation mais l’incorporation des technologies. Du point de vue anthropologique, ce qui est le plus fort, c’est d’oublier qu’on est appareillés. Par exemple le peacemaker, on oublie que c’est une technologie et qu’on la porte sur nous.
Je pense que le jour où on aura des objets sous-cutanés, un peu comme des implants, on tendra encore plus vers ça. C’est déjà un peu le principe par exemple avec l’implant contraceptif, qui permet d’oublier sa contraception contrairement à la pillule. Et cela pourrait s’appliquer à tout un ensemble de données digitales qu’on finirait par porter sur nous, comme un moyen de remplacer les titres de transport, etc.
On s’est aperçu que la culture numérique s’est généralisée au moment où les technologies se sont faites oubliées, où on n’a plus vu un ordinateur mais un moniteur pour aller sur Internet, consulter nos mails. C’est devenu un outil culturel et non plus un outil de travail. Pour moi, il s’agira d’oublier de plus en plus la dimension technologique des technologies.
Interview par Valentine David